CORONAVIRUS : UNE MUTATION CULTURELLE S'IMPOSE AUJOURD'HUI

En Afrique, s’engager à manger ensemble au sein de la famille élargie donc en groupe,  les mains dans le même plat sous le regard d'une autorité familiale étanche toute idée de discrimination entre les membres de la famille et consolide les liens entre les diverses relations. Manger ensemble dans le même plat, c'est la diversité dans la communion. 

En fait, autour d’un plat pas toujours suffisant, les nonchalants, apprennent vite à leur dépend. La part belle restant pour les plus actives. La règle non écrite étant "chacun pour son estomac" sous le contrôle bienveillant des aînés quant à la discipline globale qui régit le partage du repas.

A cause de coronavirus, nous nous devons de nous dépouiller de cette habitude de partager convivialement le repas dans la famille, lors des cérémonies, à des funérailles.

La sensibilisation auprès de la population ne consiste pas seulement à mettre l'accent sur les thèmes de: laver les mains, se confiner, prendre des distances, ne pas se serrer les mains, etc...

Elle doit aller au-delà afin que certains reflexes culturels devenus mécaniques ou instinctifs en nous disparaissent. De nouvelles manières de vivre, de se comporter et même de manger doivent naître. Coronavirus nous renvoie ainsi à une nouvelle civilisation, à un nouveau monde du XXI siècle.

A cet effet, les us et coutumes antérieures telles que manger en groupe, faire des accolades, se frapper dans les mains, se cogner les têtes comme des boucs pour exprimer des amitiés, s'agglutiner à des veillées mortuaires sur des nattes, etc...sont à abandonner. 

C'est difficile de ne plus les faire. Car, par exemple, dans chacune de nos rencontres, ne pas serrer les mains de quelqu"un traduit une certaine animosité à son égard. Cela signifie que vous avez de différends : "mo bara mbi apè, yé ni mbi na mo i kè na tènè?" pourrait-il/elle  dire. .Ne pas faire des accolades ne donne pas la chaleur des relations. Ne pas participer à une veillée mortuaire sur une natte est l'expression de dissociabilité, d'ingratitude.  Mais, on n'y peut rien aujourd'hui. 

Covid19 nous enjoint de réajuster les paramètres de nos cultures et de nos modes de vie. Ce sera un véritable choc culturel, mais nous sommes appelés à repenser la vision du monde à cause de cette pandémie qui tue sans détours. 

La génération à venir aura du mal à savoir que nous avons vécu certains modes  de vie hérités  de nos ancêtres, et que nous les avons vécus avec beaucoup de fierté. Comme, par exemple, entourer  un plat pour partager un repas est une fierté, une convivialité, une communion, un esprit d'échange....Malheureusement, cela ne se fera plus. Apprenons, nonobstant la diversité de nos attentes et nos dotations dans la vie,à partager mais dans une autre manière de l'exprimer.

Il appartient donc aux historiens, sociologues, anthropologues, etc... de retenir ces us et coutumes que nous allons jeter dans l'oubli.

NE MANGEONS PLUS EN GROUPE....TRANSMETTONS CE MESSAGE AUX PARENTS ...MERCI

Passi Keruma