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PKNEWS
24 mars 2020

MANU DIBANGO : LA BIBLIOTHEQUE DU VILLAGE VIENT DE BRÛLER

MANU DIBANGO

« En Afrique, quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle » est le célèbre proverbe de Hamadou Hampâté-Bâ qui s’affirme aujourd’hui à travers l’Afrique. Le covid19 vient d’incendier la bibliothèque musicale de l’Afrique. La substance de ce proverbe résume ainsi le départ de Manu Dibango après avoir bercé toutes les générations  par ses rythmes de « soul makossa ».

Il faut expliquer ici qu’une bibliothèque en Afrique est l’incarnation d’une connaissance résultante des expériences et des savoirs, individuels et communs, cumulée dans le temps et transmise de génération en génération. Cela ne se limite pas à un domaine mais concerne tous les aspects réels ou abstraits de la vie que l’homme a eu à penser. Une somme colossale de connaissances qui forcerait son détenteur à l’humilité, c’est en partie la définition de la sagesse selon Hampaté-Bâ. Ainsi était également Manu Dibango.

Icône de « Soul Makossa »

Avec "Soul Makossa", Manu Dibango a conquis la planète. C'est en effet ce tube, sorti en 1972, qui permet au musicien franco-camerounais de se faire connaître à l'international. A l'origine, cette chanson n'était que la face B d'un 45 tour, porté par un tout autre titre qui doit devenir l'hymne de la Coupe d'Afrique des Nations de football. L'artiste avait en effet sollicité le ministre des Sports du Cameroun pour enregistrer une chanson en soutien à l'équipe nationale. Mais ce n'est pas la chanson prévue que l'on retiendra : "Soul Makossa" s'écoulera à 50 000 exemplaires en France et fera exploser la notoriété de Manu Dibango.

Jusqu'aux Etats-Unis, ou plusieurs artistes s'emparent de la mélodie, notamment Michael Jackson et son "Wanna Be Starting Something", que le musicien camerounais accusera de plagiat. Dans les années 80, le litige se serait terminé par un accord financier entre les deux hommes. Plusieurs années plus tard, en 2009, c'est la chanteuse Rihanna qui reprend le "Soul Makossa" de Manu Dibango pour son titre "Don't Stop The Music".

Depuis des décennies, derrière son large sourire, Manu Dibango invite à l'unité, la tolérance, l'écoute, l'altruisme, des valeurs universelles qui animent son esprit créatif et déterminent son engagement citoyen.
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Manu Dibango, une bibliothèque africaine

« Quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle »  est une métaphore qui rapproche deux modes de transmissions différents. On comprend que la fin du vieillard qui se matérialise par la mort entraîne une disparition des savoirs qu’il a accumulé, à l’image d’une bibliothèque qui brûle, où tout le savoir transcrit dans les livres disparaît. Ce rapprochement met en relief la nécessité de la transmission des savoirs oraux africains pour leur sauvegarde et diffusion. Des savoirs oraux que Amadou Hampaté-Bâ qualifie d’aussi précieux et fragiles que les grands édifices de la Nubie ou de l’Égypte antique, si ce n’est plus. L’importance de cette tradition orale fut comprise bien plutôt, notamment par Soundiata Keita, fondateur du grand empire du Mali au début du XIIIe siècle. Il développa un ordre social exclusivement chargé de récolter, enrichir et transmettre ce précieux trésor : c’est l’apparition des griots. Manu Dibango a finalement réussi à s’ériger comme icône parmi ceux-là, ces griots d’Afrique, vecteurs des savoirs musicaux.

Toutes ses œuvres démontrent que la créativité de l'octogénaire reste intacte. Il est aujourd’hui la plus grande bibliothèque de la musique africaine. A moins que ce ne soit le contraire.

Même si covid19 a eu raison de Toi, Grand homme, tu demeures pour nous une  fierté inébranlable en Afrique.

Reposes-toi en Paix le Grand Manu !

 

PASSI KERUMA

 

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