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11 novembre 2021

A QUOI SERVENT LES PARTIS POLITIQUES EN RCA ? (04 MAI 2014)

PARTI POLITIQUE

"Tous ceux qui, par la fortune, l’instruction, l’intelligence ou la ruse ont le pouvoir de gouverner et l’occasion de le faire – autrement dit toutes les cliques appartenant à la classe dirigeante – doivent, dès lors qu’il est instauré, s’incliner devant le suffrage universel et, si besoin est, l’enjôler et le berner".
( Gaetano Mosca, Eléments de sciences politiques).

Depuis quelques jours, les partis politiques commencent à sortir de leur hibernation sur la pointe des pieds au nom de la "rentrée politique". Pour certains, c’est l’heure de refaire surface pour peaufiner les stratégies en perspective, pour d’autres, il est temps de mettre les jalons pour se faire connaître, pour d’autres encore, il faut attendre un peu, temps de se prêter au « jeu d’alliance ».
Mais dans un pays très fragilisé comme la RCA avec une pluralité de partis politiques, il y a lieu de s’interroger si tous ces partis sont vraiment indispensables pour le bien-être du peuple centrafricain. En d’autres termes, peut-on dire que tous ces partis sont arrivés à établir un processus rationnel de collaboration et d’unité nationale sans prospecter à satisfaire leurs intérêts mesquins ? Sont-ils vraiment des partis politiques ou des fabriques de prêt-à-profiter ? Bref, à quoi servent vraiment tous ces partis politiques ? Ces questions doivent, du moins, interpeller chaque citoyen lambda. Car, un proverbe de chez moi dit : « quand on est mordu par un serpent, même la corde devient un ennemi juré ». Après coup, tout ce qu’on a vécu et qu’on vit encore doit nous servir de leçon et par conséquent, nous ne devons plus être considérés comme des moutons de panurge. Il est temps pour chaque centrafricain lambda d’être averti de ce cancer qui ronge le pays, appelé : la « particratie ».

1. La « particratie », matrice de la misère du peuple centrafricain

La « particratie » implique un surnombre des partis politiques dans un pays, mettant ainsi en péril la démocratie. En effet, on vit dans une démocratie au moment des élections et dans une « particratie », c’est-à-dire dans un régime de partis, le reste du temps. Par « particratie », nous entendons aussi la mainmise des partis politiques — quand ils sont au pouvoir — sur tous les organes de l’état, que ce soient le gouvernement, le parlement, les administrations, les entreprises publiques, les associations et même l’université.

En dénombrant les partis politiques agrées en Centrafrique, si l’on devrait faire une cartographie électorale ou une distribution géographique de ces partis, il y aurait au moins un parti politique pour chaque région. Ainsi donc, il n’est pas étonnant de percevoir dans quelque attitude d’hostilité rampante, voire d’antipathie viscérale, un souci de repli régionaliste. Chaque parti se positionne en fonction d’un fief électoral. Les partis politiques ont à cet effet une connotation régionaliste : Le MDD, c’est la Lobaye ; Le RDC, c’est la Basse-Kotto et Mbomou, le MLPC l’Ouham, ou l’Ouham-Pendé, le KNK l’Ouham, etc. Les comportements tribalistes sans fondement objectif sont malicieusement entretenus au niveau de tous les appareils d’Etat au détriment des compétences professionnelles. Dans ce cas, pourquoi ne pas craindre la "particratie" où règnent la politisation des décisions administratives (en particulier des nominations et des promotions), le clientélisme, la culture d’entraide familiale ?

En fait, deux phénomènes sont vecteurs de la "particratie" : d’abord, la majorité des leaders des partis politiques se croient être les plus intelligents et croient avoir à eux seuls les clefs de succès du pays. Et quand ils arrivent au pouvoir, le naturel revient vite au galop. Ils deviennent pires que leurs prédécesseurs. Ensuite, il y a les "profito-situationnistes" qui créent leurs petits partis, juste, pour se faire place au soleil.

Ce ne serait pas trop mal si ces partis auraient vraiment été formés avec l’idée d’identifier l’intérêt commun et puis travailler ensemble vers la réalisation du bien-être social et politique du peuple centrafricain, mais malheureusement ils prennent la politique pour une compétition et à la minute qu’ils perdent les élections, ils se portent en ennemis farouches du parti politique au pouvoir. Au lieu de s’unir pour influencer le projet des lois ou pour encourager le gouvernement en place à prendre des mesures susceptibles de réduire le chômage et combattre la précarité, ils ne s’unissent que pour inciter le peuple à protester contre le gouvernement en place.

Pour l’histoire et la vérité, les partis politiques ne s’unissent jamais en Centrafrique pour un développement collectif du pays à travers lequel ils prêcheraient l’unité nationale, prôneraient un système éducatif ou un programme agricole effectif ou travailleraient de concert avec le gouvernement et le parti au pouvoir, mais ils cherchent, un par un, la couverture de la presse pour égorger les programmes au lieu d’apporter des critiques positives.

L’objectif des partis politiques en Centrafrique, pour certains c’est d’arriver au pouvoir, pour d’autres, c’est de trouver de quoi à mettre sous la dent. Ainsi donc, leur souci quotidien est de déstabiliser le parti au pouvoir par n’importe quel moyen. Les multiples tentatives des coups d’état, les mutineries et les rebellions illustrent bien cette volonté de nuire.

Du coup, certaines questions s’imposent : les partis politiques, définissent-ils et expriment-ils vraiment les besoins du peuple ? Sont-ils vraiment soucieux du sort de peuple centrafricain ? La réponse, c’est que les politiciens centrafricains, de par leur égoïsme et leur soif de pouvoir, continuent de refouler le pays en arrière. Ils ont échoué dans leur mission d’identifier les besoins de la société. C’est pourquoi, il serait mieux de ne plus parler des partis politiques, mais de chercher une alternative adéquate.

2. Pour une candidature individuelle indépendante

On voit ainsi en quoi la mise à quarantaine des partis politiques favoriserait le débat sur les projets de société (et non sur les partis politiques ou sur les idéologies) et permettrait de construire des propositions concrètes répondant aux problèmes concrets. On éviterait la logique partisane s’installant sur tous sujets et en toutes occasions avec le risque de voir la libre pensée ou l’esprit critique comme un délit. Il convient de rappeler aussi que l’importance de la candidature individuelle réside dans la haute considération qu’accordent les électeurs à certaines « personnalités » de la société civile, susceptibles de bien diriger ce pays. Il y a ensuite une explication logique. Les candidats diront aux électeurs, non pas : « J’ai telle étiquette », ce qui pratiquement n’apprend rigoureusement rien au public sur leur aptitude concrète concernant les problèmes concrets—mais : « je pense telle, telle et telle chose et telle chose
à l’égard de tel, tel, tel problème. » Ce qui impliquerait que le résultat de l’élection serait l’exact reflet de la volonté exprimée par la majorité du corps électoral.

En définitive, il convient de dire que le processus de la sortie de crise à travers des élections en misant sur des partis politiques est aujourd’hui compromis. Il serait mieux de faire « appel à candidature individuelle indépendante ». Car, les partis politiques ne servent plus à rien en Centrafrique. Ce n’est que l’univers des acteurs ayant des intérêts empreints de népotisme, de clientélisme et des calculs intéressés.
C’est au jour des élections que ces partis s’arrangent toujours pour être très proches de leurs électeurs afin que l’attachement l’emporte sur l’appréciation morale de leurs actes éventuellement délictueux. Le déclin à longue échéance de ces partis politiques, caractérisé par la passivité, le silence, la compromission mérite aujourd’hui une réflexion renouvelée.
 Passi Keruma
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