LES GRANDS MOYENS MENENT-ILS TOUJOURS A LA VICTOIRE ?

La victoire est indéniablement un concept important en stratégie. Aristote faisait de la victoire la finalité de toute stratégie. Mais quelle est vraiment la définition objective de la victoire? Est- ce que dans tous les cas, la victoire est nécessairement liée aux moyens déployés ?

 Ces quelques questions taraudent mon esprit, tout simplement, parce que, lors de mes échanges sur les réseaux sociaux, un compatriote écrivait ceci : « Que les choses se déroulent entre Anicet Georges Dologuele, Desire Nzanga Kolingba, Jean Serge Bokassa, Martin ZIGUELE, Karim MECKASSOUA, je peux comprendre. On les a vus sur le terrain. On les a vus mouiller le maillot, y compris Constant ZEZE. Ils ont été sur le terrain en contact avec la population. C'est à peine qu'on pouvait voir les effigies de Touadera. Et c'est lui qui est en tête. Finalement c'est lui qui vient en tête. Pour qui veut-on nous prendre? »

 Implicitement, ce compatriote récuse non seulement la crédibilité de l’ANE et les organisateurs de ces élections, mais remet aussi en cause la percée de Pr Faustin Archange Touadéra. En outre, selon son argument, seuls ceux qui ont déployé de grands moyens devraient être des favoris et Touadéra qui était parmi les plus démunis n’avait pas droit à une quelconque victoire. En d’autres termes, les grands moyens mènent inéluctablement à la victoire.

  Pourtant, ailleurs, on pourrait croire que la valeur d’une victoire dépend également de l’échelle des défis.  Pour un champion d’haltérophilie, soulever une grosse valise ne saurait être une victoire. Ce n’est que lorsque nous dépassons nos limites que le succès prend tout son sens et s’attire l’estime des autres. Mener une existence “sûre” dans laquelle nous nous contentons de suivre des schémas préétablis ne nous permet pas d’engager les vrais défis que sont un mode de vie créateur de valeur et la confrontation avec les causes réelles de nos souffrances. De même,  la clé de la victoire repose aussi sur le courage, la persévérance et la force spirituelle de résister aux difficultés et aux moments de désespoir. Par contre,  la faiblesse morale conduit irrémédiablement à la défaite, et nous avons tous fait l’expérience de la sensation accablante d’avoir été vaincu par sa faiblesse ou sa lâcheté.

 C’est dire que les moyens matériels ne nous amènent pas toujours à la victoire. Le combat de David contre Goliath est un épisode biblique ((Samuel 17,1-58) qui nous rappelle la leçon d’aller à la victoire. De quoi s’agit-il ? Nul ne peut se fier aux moyens qu’il détient pour aspirer à une victoire. La victoire fait appel à une stratégie, à une intelligence et à une détermination. Et, Clémenceau l’a si bien dit : « mieux vaut une victoire sans un grand stratège qu’un triomphe de stratégie dans la défaite ». En politique, l’optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté. C’est le seul moyen d’aboutir à la victoire. Le candidat Faustin Archange Touadéra l’a si bien compris et cela a payé.

Passi Keruma