ENTRE CANDIDAT INDÉPENDANT ET CANDIDAT DU PARTI, IL Y A UN CHOIX À FAIRE.

Bientôt, les centrafricains seront appelés à choisir entre un candidat indépendant et un candidat du parti (URCA) pour remettre à l’élu leur destinée. Ce choix ultime engagera l’avenir de tout un chacun d’une manière ou d’une autre. C’est pourquoi, ce nouveau schéma électoral nous contraint d’avoir une idée de ce qu’on appelle un candidat indépendant ou un candidat du parti. Qu’est-ce qui fait leur différence ? Quelles conséquences politiques y aura-t-il, si le peuple donne confiance à un candidat indépendant ou à un candidat du parti? Voilà quelques questions auxquelles nous tenterons de répondre.

Depuis toujours en RCA, les candidats indépendants n’ont recueilli que très peu de suffrages lors de la vaste majorité des élections auxquelles ils se présentent. Car, la victoire aux différentes élections présidentielles en Centrafrique  n’était que l’apanage des partis au pouvoir. Pour la première fois dans l’histoire politique centrafricaine, un candidat indépendant fait face à un candidat du parti au 2° tour des élections présidentielles. Cette nouvelle configuration électorale nous impose une volonté de bien connaître le statut de chacun d’eux.

Le candidat indépendant

 Qu’est-ce qu’un candidat indépendant ? Le « candidat indépendant »  désigne une personnalité politique ne se réclamant d'aucun parti politique ou affirmant son indépendance par rapport aux clivages politiques habituels et proposant un programme électoral personnel. Ici, l’indépendance transcende la partisanerie. Il est fréquent que son  indépendance ne soit pas le reflet d'une position de principe, mais un statut temporaire découlant du choix circonstancié de candidat à un mandat politique.

Souvent, la candidature indépendante découle de l’incapacité des partis politiques à jouer le jeu démocratique à leur propre sein. Cela indique que tant que les partis respectent leurs propres règles du jeu et restent attentifs aux demandes des citoyens à la base, les indépendants ne peuvent en aucun cas constituer une menace pour leur hégémonie. 

Le vote du candidat indépendant  s'apparente généralement à un vote de protestation. Ses électeurs sont généralement plus critiques à l'égard du gouvernement  et moins satisfaits du fonctionnement de la démocratie dans leur pays que les électeurs du candidat se présentant au nom d'un parti. Ils sont également moins enclins à se sentir proche d'un parti politique quel qu'il soit. Ce sont aussi des déçus des partis politiques qui, souvent, ne répondent pas à leurs attentes.

Pour un candidat indépendant, il est très important de s’entourer d’une équipe dynamique, motivée et engagée quand il est élu. La première clé pour lui en politique réside donc dans le choix judicieux de ses collaborateurs. Ils doivent prêts être à défendre becs et ongles les idéaux qu’il incarne. Car, il est lui-même conscient que son électorat provient d’une contestation. En effet, le candidat indépendant  peut parfois compter  sur de différents groupes politiques parlementaires  ou mettre en place un système idéologique afin de mieux répondre aux attentes de la population.

De ce point de vue le candidat indépendant, seul dépositaire de sa vision,  mobilise toutes les énergies - syndicats y compris et fait taire les revendications des groupes particuliers ayant des intérêts en contradiction avec un développement harmonisé du pays.

Le candidat du parti

Le candidat du parti est issu d’une structure d’action politique qui se caractérise par des idéologies, des valeurs et des projets de société. D’une manière générale on définit le parti politique comme une organisation durable, c’est-à-dire une organisation dont l’espérance de vie politique soit supérieure à celle de ses dirigeants en place. Cette organisation doit avoir une implantation locale sous la forme de sections entretenant des rapports réguliers et variés avec les organismes nationaux. Le parti doit apparaître comme un groupement ayant la volonté délibérée de prendre et d’exercer le pouvoir politique seul ou avec d’autres.  Il doit également avoir comme souci de rechercher le soutien populaire à travers les élections ou de toute autre manière.

Mais, en Centrafrique,  la récurrence des problèmes  politiques et de différentes crises vécues démontrent l’urgence qui s’impose aux partis politiques centrafricains d’expliciter clairement les valeurs, les projets de société et l’idéologie qu’ils incarnent. Ils leur commandent de clarifier leurs identités respectives et de déclarer les intérêts et les collectivités de la société globale qu’ils représentent.

Car, il est souvent confus  qu’un parti politique affiche l’étiquette du rassemblement et après agit comme un parti unique dès qu’il arrive au pouvoir prônant ainsi des affinités et des liens avérés avec une frange de la population. Ces cloisonnements fondés sur une base ethnique ou régionale sèment la confusion dans l’esprit de plus d’un électeur en Centrafrique.

 Il y a lieu de noter que l'autre dérive du parti au pouvoir, c'est  la confusion de l’Etat et du parti qui se manifeste de plusieurs manières. Tout d’abord, le recrutement du personnel politique, parlementaire, gouvernemental et administratif, repose uniquement sur le parti. Ce sont les organes du parti qui désignent les candidats aux élections législatives et qui, en fait, désignent les députés puisque l’intervention des électeurs n’a qu’une valeur formelle de ratification. Les fonctions de Secrétaire général du parti et de Chef de l’Etat sont concentrées dans les mêmes mains. En effet, la confusion du parti et de l’Etat aboutit souvent à l’institutionnalisation du parti unique au détriment des autres partis politiques. Dans ce cas, il s’agit d’une unicité de droit et non simplement de fait. La logique du "partage de gâteau" apparaît assez souvent dans un schéma de principe. D'autres partis politiques, par souci d'aller à la mangeoire,  s'y d'adhèrent en sacrifiant la démocratie sur l'autel de leurs intérêts égoïstes. 

Pourtant, les partis politiques doivent répondre à un besoin dans l’espace et dans le temps, c’est dans cet espace-temps là que s’insère les programmes, les talents et on a le devoir donc de faire émerger aussi un leadership que l’on met au profit du peuple et de toutes les compétences. L’intérêt du parti est alors en ce moment-là de régler les problèmes économiques et sociaux auxquels nous sommes tous confrontés en instaurant un système innovateur, c’est encore mieux quand il est porté par un groupe, et compris par une majorité.

Quel choix faut-il faire ?

 Vouloir un changement radical, c'est opter pour une nouvelle expérience. C’est dire qu’il est urgent pour chaque citoyen de relever un défi, celui d’élire objectivement un bon candidat en son âme et conscience, en prenant en compte les deux schémas sus-décrits. Par conséquent, il faudra restaurer la confrontation des idées des deux candidats requise par la démocratie constitutionnelle pluraliste. Ainsi, le citoyen X pourrait adhérer aux idées qui incarnent les valeurs et projets de société correspondant à ses convictions et répondant à ses intérêts. Choisir un candidat indépendant ou un candidat d'un parti va au-delà de nos passions partisanes. Car, nos vies valent mieux que les profits que les candidats vont en tirer.

Aller aux urnes, c'est faire comprendre aux deux candidats que l'élection présidentielle, c'est la rencontre d'un homme et d'un pays, d'un homme et d'un peuple, et non la rencontre d'un homme et de sa famille ni d'un homme et de sa tribu. 

Notre enjeu, aujourd'hui, est de briser définitivement la dérive constante des hommes politiques dans le culte fétichiste de la personnalité qui explique pour une part les problèmes politiques d’alternance et de renouvellement des couches dirigeantes que connaît la Centrafrique. Et l’on rendrait enfin possible une croissance et un développement économiques structurés par des valeurs consensuelles.

Que Dieu sauve la Centrafrique !

Passi Keruma