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PKNEWS
25 février 2016

ET SI LA RCA A BESOIN D’UNE AUTRE DIASPORA…

CORRUPTION8&

En cette période du changement de régime, certains de nos compatriotes se disant de la diaspora centrafricaine se répartissent en deux parties : d’abord, ceux qui sont déjà allés mettre la pauvre Centrafrique en lambeaux et qui préparent leur retour « au bord de la Seine »  ; ensuite, ceux qui sont actuellement « au bord de la Seine » en train de se frotter les mains pour devenir des potentiels remplaçants dans des fonctions politiques ou pour occuper des hauts postes à Bangui. Un peu comme les oiseaux migrateurs qui entretiennent de curieux voyages dont ils reviennent au début de printemps, un aller-retour entre le Nord couvert de neige et les chaudes régions du Sud.  

  Vivant surtout en France ou ailleurs, munis d’un diplôme obtenu dans une quelconque université (réelle ou fictive),  ces compatriotes  croient que leur parchemin obtenu est comme une clé dont on se sert pour accéder à un poste juteux à Bangui au détriment des jeunes locaux. La dernière visite du Président élu en France en dit long. 

Du coup, la tendance prononcée parmi bon nombre d’intellectuels centrafricains de la prétendue « diaspora » est d’estimer avoir un droit d’exercice du pouvoir politique, en plus du droit de regard et de participation qui revient à tout citoyen.  Tout se passe comme si leur “intellectualité” leur conférait des atouts spéciaux pour être uniquement des hommes politiques ou des ministres.  Le diplôme n’est plus simplement une présomption de connaissance et de compétence, il est perçu comme une garantie de compétence politique ou même managerielle. Le raisonnement semble être le suivant: “j’ai une licence, un master, un doctorat, donc je peux être ministre, je peux être DG, je peux être...”. Plus on est bardé de diplômes, plus on estime être en droit d’avoir spécifiquement des responsabilités politiques et la capacité de les exercer.

Il faut que ces compatriotes comprennent que tout le monde ne peut pas être ministre. Cependant, tout le monde peut apporter pour son pays par rapport à son expérience partout où le président de la République voudra utiliser leurs compétences. Il n'y a pas que le gouvernement dans un pays. Il y a aussi d'autres fonctions, d'autres activités, d'autres secteurs qui concourent au développement de notre pays.

Dans d’autres pays africains, les intellectuels de la « diaspora » n’ont pas les mêmes prétentions pour la gestion politique de leurs pays respectifs. Ils préfèrent plus tôt se lancer dans des brillantes carrières académiques, universitaires, ou comme chefs d’entreprises. En d'autres termes, ils sont actifs dans tous les secteurs afin de relever les défis de leur pays. 

Par exemple le Rwanda, pays réputé pour avoir connu une période plus sombre que la nôtre. Après le génocide de 1994, beaucoup de fils et filles du pays ont décidé de sacrifier leurs vies en abandonnant la vie luxieuse ailleurs et revenir au pays dans l’intention de rebâtir un Rwanda nouveau pour tous les Rwandais. Beaucoup ont accepté de perdre leurs postes d’emploi dans les pays d'accueil, dont certains occupaient de hautes fonctions. D’autres ont abandonné de bonnes écoles où ils enseignaient, ou d’autres encore ont quitté leurs entreprises prospères. Ils partageaient tous le but commun de libérer le Rwanda de toutes formes d’injustice, de discrimination, et de précarité. Ce dont les Rwandais se réjouissent aujourd’hui sont les fruits de leur patriotisme avéré. Ce patriotisme a pris corps dans des sacrifices multiformes. Cela doit être aussi une référence, un exemple aujourd'hui pour tous les centrafricains de la diaspora.

En d’autres termes, si les Centrafricains de la « diaspora » veulent bien mener un combat de la reconstruction du pays, il leur faudra se fixer des objectifs patriotiques précis, susceptibles de produire des fruits concrets dans tous les segments sociétaux,  au lieu d'avoir une diaspora vouée à la convoitise des postes politiques à Bangui comme nous l'avons constatée ces dernières années.  

In fine, je ne prétends nullement que les intellectuels de la « diaspora » sont des incompétents politiques; je soutiens plutôt que leur “intellectualité” ne peut pas faire d'eux nécessairement des grands administrateurs de la « chose publique » et ne leur donne pas une compétence politique particulière.  Que peuvent alors faire ces intellectuels de « la diaspora » afin d'éviter la mendicité des postes politiques à Bangui ?  

Par leur capacité d’analyse et de compréhension des réalités, certains peuvent constituer d’excellents “think tanks”, ces centres de réflexion qui analysent, synthétisent, élaborent des scénarios, proposent des alternatives, étudient les faisabilités et viabilités des politiques et leur impact, etc.  D’autres peuvent contribuer à l’avancement de la RCA par leurs activités de recherche ou d’enseignement afin de redorer le blason de notre éducation.  D’autres peuvent porter leur excellence dans la pratique des affaires. D’autres encore peuvent se lancer dans la politique sociale participative, etc. 

Bref, tels sont les objectifs que doit s’assigner la diaspora centrafricaine pour tenter d’exprimer son patriotisme envers son pays. 

Aujourd’hui, nous avons toutes les opportunités d'enclencher un nouveau changement afin de ne plus paraître des éternels assistés, des demandeurs d’asile, des "quémandeurs" des postes. De même, il est temps aujourd'hui de sortir de cette ornière des oppositions ou critiques irresponsables et s'armer d'un patriotisme responsabe. En effet, l'ultime question qui s'impose est cell-ci: qu'est-ce qu'ensemble nous centrafricains nous devrons faire aux côtés du chef de l’État élu pour régler les nombreux problèmes auxquels notre pays fait face? 

Par ailleurs, la création d’un ministère des Centrafricains de l’étranger dans le prochain gouvernement montrerait l’intérêt de l’Etat pour la diaspora. Certes les enjeux sont aussi politiques qu’économiques, il n’en demeure pas moins que la nation centrafricaine pour se construire à besoin de tous ses fils et filles.

 

Passi Keruma

Militant de la liberté

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