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PKNEWS
21 mai 2020

"CHERS JEUNES, PRENEZ LE POUVOIR,..! " : DE QUELLE JEUNESSE PARLE-T-ON EN RCA ?

JEUNESSE AFRICAINE

Lorsque son Excellence  Mr le Ministre Gouandjika Fidèle  scandait pendant son cours magistral:"Chers Jeunes, prenez le pouvoir! ", aussitôt, deux questions me taraudaient l'esprit même si, dans le même temps, certains prétendus jeunes jubilaient.

1. De quels jeunes parle-t-il ? Si l'on se réfère à la définition de Victor Hugo que je cite : " Quarante ans c'est la vieillesse de la jeunesse, mais cinquante ans, c'est la jeunesse de la vieillesse". S'agit-il de vieux-jeunes ou de jeunes-vieux? Et surtout , lorsque ceux du 3e âge s'y mêlent. De surcroît, l'on note qu'il n'y a aucune barrière d'âge en Centrafrique. D'ailleurs, je me suis une fois posé la question : à quel âge peut-on arrêter de se dire "jeune" en RCA ?


2. La deuxième question est celle-ci : Cette jeunesse ( s'il y en a une), est-elle déjà prête pour une gouvernance de rupture politique avec le passé comme c'est le cas avec Macron en France, Andry Rajoelina à Madagascar, et bien d'autres à travers le monde qui ont réussi à enterrer la vieille idéologie politique et à insuffler une nouvelle âme dans la classe politique de leur pays?

Fénelon disait " En politique, la jeunesse serait charmante si on pouvait la rendre modérée et capable de faire des réflexions". "Faire des réflexions", tel est le nœud de la problématique. La jeunesse réfléchie, celle qui s'engage sans passions partisanes, à débattre profondément les réels problèmes de son avenir,   constitue le réservoir du leadership de l'avenir. Mais, pour cela, il faut que cette jeunesse soit assise au pied d'un "Gamaliel" pour devenir mature.

Sinon, quelques questions s'imposent:  une jeunesse empreinte de vieillesse de l''esprit, comment peut-elle se concilier avec la fraîcheur de ses réflexions ? Une jeunesse habituée à la politique de corruption, de népotisme, de favoritisme, de tribalisme, etc.,  comment peut-elle s'en débarasser pour s'armer de l'éthique de la bonne gouvernance ? Une jeunesse qui s'englue dans les fantasmes, dans le déni de culture et du civisme, comment peut-elle être en mesure de débattre les défis que lui pose le monde d'aujourd'hui ? Le pouvoir politique épouse difficilement les réflexions approximatives, il ne se joue pas sur les émotions, il se rend à l'évidence avec des solutions idoines au moment opportun.


C'est pourquoi, dans toute  l'histoire du monde politique, l'on ne s'improvise pas en politique ( sauf les soldats qui prennent le pouvoir par des coups d'État,). On s'y prépare. On y est formé. On est formaté, conditionné  pour y être de manière mature et responsable et parfois dans l'idée de perpétuer une idéologie politique. On ne naît pas "leader politique", ni on ne peut "s'autoproclamer",   on le devient par expériences même si on a des prédispositions innées. Le Ministre Gouandjika en est lui-même l'illustration.


Malheureusement, ce n'est pas le cas, généralement,  en Centrafrique où la politique est considérée comme le seul moyen de réussite sociale afin de s'enrichir, où les partis politiques n'ont aucun environnement démocratique propice à l'épanouissement des jeunes aspirant à la politique. Par conséquent, ils sont tous relégués au rôle des fanatiques d'un club politique qui n'ont qu'un seul lieu d'expression : les réseaux sociaux où chacun se bat pour sa chapelle dans une rhétorique injurieuse ou incohérente. 


Et encore, le défi majeur de cette jeunesse impréparée se trouve être lié à une perception de la vieille classe politique sur les jeunes à travers les reproches d'immaturité et de manque d'expériences. En effet, ces jeunes sont uniquement utilisés comme des armes de propagande des partis politiques. Ces derniers s'y complaisent d'ailleurs dans l'attente d'obtenir de petits postes administratifs qu'on leur propose comme récompense de leur abnégation.

In fine, je peux affirmer avec conviction que l'accès des jeunes à la gouvernance d'un pays n'est pas un slogan, c'est une école. C'est la préparation effective de cette jeunesse  dans la perspective de  "changer le jeu à l'intérieur du jeu", c'est de voir les partis politiques réussir à créer un réseau de futurs jeunes leaders maîtrisant de bonnes pratiques et d'expérience pour devenir une jeunesse responsable dans l'intérêt du pays.


C'est un parcours du combattant parsemé de beaucoup d'embûches. Que Dieu nous aide à acquérir une jeunesse engagée, cultivée et responsabilisée !


Mais, avant tout, il faut redéfinir le terme "JEUNESSE".


Passi Keruma

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